13 scénarii

A partir de documents d’archives, de photographies et d’affiches anciennes, il est demandé à un journaliste et un graphiste d’imaginer l’évolution d’une entreprise de notre territoire aujourd’hui disparue. Actuellement, quels seraient ses produits, ses codes et valeurs, sa campagne de communication… ?

VITISEX ! LE NUISIBLE TUÉ PAR SON DÉSIR ! (2016)
Le soufre, cet antibiotique des cuves, des barriques et des feuilles de vigne achève sa mission historique. Cependant prévention, traitement, guérison des vignobles, demeurent la mission des « Raffineries de Soufre Réunies ». Elles ont anticipé le tournant vers la viticulture raisonnée, biologique et biodynamique, « organic » : du soufre, on est passé à la perturbation sexuelle animale. La mise au point des phéromones de synthèse est devenue le cœur de métier de l’entreprise RSR.
VITISEX est capable d’égarer les insectes nuisibles en instaurant au dessus des parcelles de vigne la plus grande des confusions sexuelles. Les produits mis au point et commercialisés par les « RSR » sont les meilleurs ennemis du Ver de la grappe (Eudemis, lobesia botrana) et du papillon, la Cochyllis (une tordue « tordeuse » redoutable). Le mâle plein d’illusion croît trouver la femelle, mais trompé par VITISEX, le nuisible est alors étouffé, débordé par son désir. Privé d’accomplissement, le désir tue.
« Lache ma grappe », disent les phéromones VITISEX de « RSR » ! La tordeuse et le ver de la grappe chutent dans l’indifférence, épuisés par des efforts sans objet, et retournent ainsi à la poussière.
VITISEX est garanti sans effet sur la vie privée des vignerons et vigneronnes chargés de répartir les sachets diffuseurs de phéromones dans le vignoble.
VITISEX est adapté à toutes les espèces de nuisibles qui rêvent de ravager les vignobles sous toutes latitudes (bordelais, Gascogne, piémont pyrénéen, Roussillon, Languedoc, Provence, vallée du Rhône, etc).
VITISEX, l’ennemi le plus propre des nuisibles de la grappe !
LACHE MA GRAPPE, VITISEX LA PROTÈGE !
VITISEX : HALTE AU SEXE DES PAPILLONS !*
HALTE À LA SEXUALITÉ DE LA TORDEUSE !*
HARO SUR LE SEXE DES VERS ET PAPILLONS !*
*nos représentants choisissent avec leurs clients le slogan le plus approprié aux sensibilités locales
‪#‎Vitisex‬ est une marque déposée, une exclusivité des « RSR »( Raffineries de Soufre réunies)

Texte : Michel Cardoze

Avec Watt, la prévention éléctrique s’affiche (2014)

Une fois encore, la société Watt, spécialisée dans la conception de composants électriques et robotiques pour l’industrie, n’hésite pas à aller à contre courant. Elle débranche son département communication et annonce l’arrêt des campagnes publicitaires, celles qui lui avaient permis de se refaire un nom sur le marché, au début des années 2000. A la place, Patrick Prax, le survolté patron de cette entreprise née à Marseille en 1907 et rachetée en 1913 par sa famille, a eu une idée lumineuse : réorienter, une nouvelle fois, la stratégie de l’entreprise. Oubliées les ampoules des débuts, les moteurs d’ascenseurs des  trente glorieuses et la crise des années 80, où Watt avait failli être court-circuitée par ses concurrents Asiatiques,  place à  l’éco-marketing. Prax entend que le courant passe entre ses nouveaux produits et leurs futurs acheteurs, en jouant la carte de la responsabilité sociétale. Elle vient de dévoiler une campagne de sensibilisation aux risques électriques :  de la prévention à afficher dans les usines et centres de formation d’électriciens. Le discours est alternatif, direct, percutant. Il s’adresse en priorité aux jeunes, en ayant pour ambition de les tenir au jus des règles à respecter quand on « bricole »  un système électrique. En même temps, Watt annonce du nouveau pour 2016. Elle entend jouer la carte de la prévention et de la sécurité en lançant une gamme d’EPI (Equipement de protection individuelle) et, surtout, la mise sur le marché, en collaboration avec un grand du secteur, d’interrupteurs et disjoncteurs de nouvelle génération.

Texte : Frederic Delmonte

Les savons La Coquille lavent les navires de pont en comble (2013)

La petite marque marseillaise, qui doit sa récente suprématie aux savons et détergents pour bateaux, s’ancre aujourd’hui à l’international.
A l’heure où la plaisance explose, la maison la Coquille a eu la main heureuse en adaptant ses recettes ancestrales au nettoyage des bateaux, « de la coque à la quille » comme l’annonce sans détour son désormais célèbre slogan. La gamme créée voilà une décennie multiplie les applications et dérivés : shampoings pour coques en bois, carbone, polyester, savons étudiés pour les ponts, voiles, défenses, mais aussi antirouille, polish… Il y a deux ans, les produits garantis non-polluants pour l’environnement ont même décroché le précieux sésame Ecocert, qui leur a permis de courtiser de nouveaux clients, notamment dans les Balkans et les pays scandinaves. Cette année, les résultats annoncés par Blanche Couret, arrière-petite-nièce des frères Couret, fondateurs de la savonnerie en 1887, franchissent de nouveaux rugissants en passant la barre des 3 millions d’euros de chiffre d’affaire, dont 65% réalisés à l’export. Si l’Europe reste encore le premier consommateur, avec plus de 52 700 nouvelles immatriculations de petits et grands navires cette année, de nouveaux marchés émergent, comme la Chine où les nouveaux milliardaires dépensent sans compter pour leurs yachts, notamment dans les petits ports de l’île de Hainan. L’armada des bateaux de croisière intéresse également Blanche Couret, qui annonce la sortie imminente d’une gamme dédiée et un contrat à la clé avec la nouvelle compagnie A Corse et A Cri (ACAC).Décidément très inventive, La Coquille a encore fait mousse en s’intéressant à la toilette des marins et skippers. Le revival du look canaille, des favoris et barbichettes a donné naissance à Barbamarine, une ligne de beauté masculine qui fait un malheur dans tous les ports !

Texte : Nathania Cahen

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